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Photo illustration : FAO

Comprendre la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf)

La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) représente une opportunité considérable pour mobiliser la puissance des jeunes et des femmes en vue de réaliser pleinement son potentiel.

Les efforts opportuns de l’Union Africaine (UA) visant à accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf offrent une occasion unique au continent de se concentrer sur des actions essentielles pour l’autonomisation des jeunes et des femmes. La mise en application efficace des instruments politiques convenus par les États membres de l’UA transformera véritablement le continent.

Il est indéniable que cet accord commercial continental historique, s’il est conduit par les femmes et les jeunes, qui sont parmi les ressources les plus précieuses de l’Afrique, deviendra le principal moyen d’exploiter le vaste potentiel du continent. Il est impératif de prioriser les investissements dans les femmes et les jeunes dans tous les aspects de la mise en œuvre de la ZLECAf.

L’Afrique possède la population la plus jeune du monde, avec plus de 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans. Pour stimuler le progrès économique en Afrique et réaliser les Objectifs de Développement Durable, il est essentiel de se concentrer sur la masse critique de jeunes et de femmes, qui est au cœur de l’Agenda 2063, le plan de développement du continent.

Selon la Banque Mondiale, la ZLECAf pourrait accroître les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici 2035 et augmenter les exportations intra-africaines de plus de 81 %.

Ce marché continental gigantesque devrait favoriser une augmentation de 52,3 % du commerce intra-africain, renforcer l’intégration continentale, stimuler la productivité, créer davantage d’emplois et offrir des opportunités significatives d’égalité des sexes en impliquant les femmes et les jeunes dans le processus de libéralisation du commerce en Afrique.

Selon la Banque Mondiale, la ZLECAf pourrait accroître les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici 2035 et augmenter les exportations intra-africaines de plus de 81 %.

Selon la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique, cette zone de libre-échange unique pourrait porter l’économie africaine à 29 000 milliards de dollars d’ici 2050. C’est une opportunité exceptionnelle pour l’Afrique de sortir des millions de personnes de la pauvreté en autonomisant les femmes et les jeunes pour changer le paysage commercial du continent.

Actuellement, le commerce et l’économie en Afrique sont loin d’être neutres sur le plan du genre, étant donné les inégalités sociales et la culture patriarcale qui maintiennent les femmes dans une position défavorable. Ces contraintes de genre conduisent les femmes à s’engager davantage dans le commerce informel que les hommes.

Les jeunes, de leur côté, éprouvent des difficultés à accéder à des emplois formels et décents, les poussant ainsi à se tourner vers l’entrepreneuriat et les petites entreprises informelles.

Cependant, il est crucial de libérer le potentiel du commerce transfrontalier pour l’autonomisation des femmes, tout comme pour les jeunes. Par exemple, au Rwanda, 74 % des personnes impliquées dans le commerce transfrontalier sont des femmes, dont 90 % dépendent de cette activité comme source de revenus principale.

Le commerce intra-africain peut jouer un rôle catalyseur pour promouvoir l’équité des sexes en améliorant l’inclusion financière des femmes et des jeunes, mais leur intégration dans les politiques commerciales actuelles reste insuffisante.

Cela comporte le risque que cette importante entente commerciale devienne la principale cause de la pauvreté et de l’inégalité, continuant à exploiter les femmes et les jeunes en tant que main-d’œuvre à bas coût, avec des conditions de marché inéquitables et des salaires minimes. Pour éviter cela, la ZLECAf doit être conçue en mettant l’accent sur l’inclusion afin d’éviter de marginaliser les groupes vulnérables.

Le secrétariat de la ZLECAf travaille à renforcer les unions douanières de base et les accords de libre-échange pour englober toutes les opportunités commerciales du continent, en encourageant la participation des femmes et des jeunes au commerce transfrontalier.

La ZLECAf s’attaque aux coûts commerciaux excessivement élevés et aux barrières tarifaires abruptes qui entravent le potentiel des femmes et des jeunes dans le secteur des affaires, entravant ainsi la croissance économique et le développement global du continent.

En outre, les opportunités d’obtenir des crédits et un financement adapté au marché pour les entreprises dirigées par des femmes et des jeunes sont souvent limitées en raison de divers facteurs, notamment le manque d’alphabétisation financière, des informations financières complexes, des garanties insuffisantes, des produits financiers limités et des taux d’intérêt élevés avec des options de financement limitées.

Cela est encourageant, étant donné que les femmes et les jeunes jouent un rôle central dans l’économie africaine, en particulier à travers les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur informel.

Pour que les entreprises dirigées par des femmes et des jeunes prospèrent et participent efficacement au commerce intra-africain, il est essentiel d’améliorer leur éducation financière et leur accès au capital.

L’Afrique doit sensibiliser ces entreprises à la finance et attirer des solutions de financement innovantes. Les efforts actuels des gouvernements africains pour réformer leurs cadres institutionnels et réglementaires en éliminant les obstacles à l’accès des femmes et des jeunes à la culture financière numérique, à l’information et aux investissements financiers sont louables.

L’inclusion de ces groupes démographiques renforcera la réalisation de l’Agenda 2063, qui vise à créer une Afrique prospère pilotée par sa population.

De plus, la ZLECAf devrait tirer parti des enseignements tirés d’autres initiatives pan-continentales de l’UA visant à stimuler l’intégration économique régionale et à renforcer l’autonomie des femmes et des jeunes, telles que la Charte africaine de la jeunesse, la feuille de route de l’UA pour l’exploitation du dividende démographique et l’initiative SWEDD (Sahel Women Empowerment and Demographic Dividend).

Ces initiatives complètent le rôle significatif des jeunes et des femmes dans le commerce pour promouvoir le progrès social, économique et politique du continent.

Les structures de gouvernance de la ZLECAf doivent être professionnelles et favoriser l’inclusion et la participation. Pour être efficace, la ZLECAf doit se concentrer sur des tâches stratégiques plutôt que de tout gérer elle-même. Des approches innovantes, inspirées par des instruments tels que le Fonds mondial de lutte contre le VIH/SIDA, peuvent être créées pour gérer des tâches spécifiques, libérant ainsi le secrétariat de la ZLECAf pour se consacrer aux tâches urgentes.

Il est essentiel d’apprendre des initiatives passées pour exploiter la créativité des femmes et des jeunes africains, renforçant ainsi l’AfCFTA en tant qu’initiative centrée sur les personnes.

Pour transformer les jeunes et les femmes africains en un dividende démographique, des investissements substantiels dans l’éducation, la réduction de la fracture numérique et l’accès à un soutien financier et à des opportunités accrues sont nécessaires. La synergie entre les jeunes et les femmes est transformative.

Repenser l’architecture financière continentale pour intégrer les jeunes et les femmes dans le commerce transfrontalier tout en stimulant l’accès et l’inclusion devrait être une priorité pour l’avenir.

La ZLECAf est l’un des accords commerciaux les plus innovants, dynamiques et progressistes en ce qui concerne l’autonomisation des femmes et des jeunes. La volonté de stimuler le libre-échange en 2023 démontre un engagement fort des dirigeants africains, mais des instruments opérationnels solides sont nécessaires pour réaliser la transformation attendue de la vie des gens.

2023 est une année cruciale pour la ZLECAf, nécessitant non seulement l’accélération de la mise en place des infrastructures et des systèmes fonctionnels, mais également une opportunité exceptionnelle pour mettre en œuvre pleinement les instruments politiques existants plaçant les femmes et les jeunes au cœur de l’agenda africain.

Cependant, l’Afrique ne pourra pleinement profiter de la ZLECAf que si elle parvient à résoudre les multiples crises humanitaires auxquelles elle est confrontée, notamment le changement climatique, l’insécurité alimentaire, les épidémies, la pauvreté, l’inflation, les conflits et les inégalités croissantes en matière de santé.

Une action collective est nécessaire pour accélérer la mise en place de l’Agence humanitaire de l’UA et créer un environnement plus favorable.

En fin de compte, la mise en œuvre de ces politiques et solutions nationales puissantes transformera l’Afrique en une entité intégrée, prospère et pacifique.

Si la Commission de l’UA est déterminée à faire avancer l’agenda, il ne faut pas sous-estimer le rôle crucial des États membres et des partenaires internationaux tels que l’ONU pour soutenir la mise en œuvre des initiatives continentales aux niveaux national et régional.

M. Mabingue Ngom est le conseiller principal du directeur exécutif du FNUAP et le directeur du bureau de représentation du FNUAP auprès de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

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