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Légumes - ph : Pixabay
Légumes - ph : Pixabay

Aperçu de l’agriculture sénégalaise

Aperçu de l’agriculture sénégalaise : Regards d’un journaliste francophone sénégalais.

L’agriculture sénégalaise, une richesse pluviale et saisonnière, occupe une place primordiale dans l’économie du pays. Elle repose sur deux piliers fondamentaux : les cultures de rente telles que l’arachide et le coton, ainsi que les cultures vivrières de subsistance comme le mil, le sorgho et le maïs. Si le riz a toujours été traditionnellement cultivé en Casamance, il est désormais en pleine expansion dans la vallée du fleuve Sénégal.

Cependant, ces cinquante dernières années ont été témoins de transformations majeures au sein de l’agriculture sénégalaise. Autrefois dominée par des cultures vivrières familiales, elle s’est peu à peu orientée vers les cultures de rente, en particulier l’arachide et le coton. Malheureusement, la filière arachidière, qui fut longtemps le moteur de l’économie nationale, traverse actuellement une crise importante. En revanche, on observe une augmentation de la production dans les filières céréales telles que le mil, le niébé, le riz, le maïs, ainsi que dans la production de fruits, légumes et manioc, répondant ainsi à la demande croissante du marché local.

Grâce aux progrès réalisés dans l’irrigation, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal, la filière rizicole connaît des améliorations notables. La production de mil, une culture pluviale traditionnelle qui avait connu un déclin prononcé, est également en hausse, tant pour l’autoconsommation que pour la commercialisation. Dans cette dynamique, les micro et petites entreprises jouent un rôle essentiel en valorisant la production nationale pour approvisionner les marchés urbains en produits agricoles.

La majorité des agriculteurs sénégalais sont des petits exploitants qui travaillent la terre selon des régimes fonciers traditionnels et pratiquent des systèmes d’assolements hérités du passé. Ces agriculteurs combinent généralement les cultures de rente (arachide, coton) avec des cultures vivrières de subsistance (mil, sorgho, maïs). De plus, ils possèdent quelques animaux, souvent élevés en système extensif, et parfois, en système intensif, en symbiose avec leurs cultures. On constate un développement de l’horticulture dans la zone des Niayes, le long du littoral, ainsi que dans les terres irriguées le long du fleuve Sénégal, où la culture du riz a également connu une forte expansion.

L’agriculture représente une part significative de l’économie sénégalaise, contribuant à hauteur de 16 % du PIB en 2017, contre seulement 7,1 % en 2012. Ce secteur vital emploie près de la moitié de la population active, soulignant ainsi l’importance de la tradition agricole du Sénégal.

Fruits et légumes : Un essor prometteur

Les structures horticoles sénégalaises se caractérisent principalement par la prédominance des vergers, des jardins de case et des exploitations privées. Au cours des 15 dernières années, la production de fruits et légumes a connu une forte croissance, dépassant les 600 000 tonnes. Les exportations horticoles ont également pris de l’ampleur, passant de moins de 1 000 tonnes en 2000 à environ 85 000 tonnes en 2014.

Le Sénégal produit une grande variété de légumes, allant des types européens (chou, laitue, tomate, aubergine, haricot, melon, carotte, navet, pomme de terre, oignon, poivron blanc, etc.) aux variétés africaines (oseille de Guinée, gombo, aubergine amère, patate douce, manioc, etc.). Cette diversification réussie dans l’espace et dans le temps a fait de la sous-filière maraîchère l’un des secteurs les plus porteurs et les plus dynamiques de l’horticulture sénégalaise.

La production horticole est concentrée principalement dans la bande littorale des Niayes et dans la vallée du fleuve Sénégal. La zone des Niayes, qui s’étend de Dakar à Saint-Louis, représente plus de 60 % de la récolte totale. Elle fournit une grande variété de légumes tels que les oignons, les pommes de terre, les carottes, le chou vert, les tomates cerises et de table, les aubergines, la laitue, ainsi que les piments. En revanche, la vallée du fleuve Sénégal se spécialise dans la production de tomates industrielles, d’oignons et de patates douces, bénéficiant ainsi de ses immenses potentialités agricoles.

On observe actuellement une tendance à la diversification géographique de la production maraîchère, avec une expansion vers les régions du bassin arachidier. Dans ces régions, la surface consacrée à la culture de l’arachide a connu une baisse, incitant les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures horticoles, notamment pendant l’hivernage avec des produits tels que les pastèques et le diakhatou, ainsi que des oignons de la vallée du Koupango. Dans la région de Kolda, la zone de Pata s’est spécialisée dans la production de piments.

La production de légumes destinés à l’exportation se concentre principalement le long de l’axe Dakar-Saint-Louis, bénéficiant du climat favorable et de la proximité des infrastructures aéroportuaires.

La majeure partie de la production de légumes provient des exploitations familiales, en particulier dans les zones des Niayes (centre et nord), le bassin arachidier et la région naturelle de la Casamance. Ces petites exploitations dépendent principalement de l’irrigation et les agriculteurs font face à des difficultés de financement de la production ainsi qu’à des problèmes de qualité des intrants.

La région de la vallée du fleuve Sénégal et des Niayes du sud, du lac Guiers et du delta du fleuve Sénégal abritent des périmètres villageois et des exploitations appartenant aux exportateurs, qui contribuent également de manière significative à la production horticole.

Production fruitière : Un délice tropical

L’offre de fruits au Sénégal se compose d’espèces adaptées aux zones tempérées, telles que les agrumes, ainsi que de fruits tropicaux tels que la mangue, la banane, l’ananas et la papaye. Bien que ces fruits soient principalement destinés au marché local, ils occupent une part croissante des exportations, notamment la mangue dont le créneau de production est très favorable entre mai et juillet.

La Casamance et la région de Thiès se démarquent en tant que principales régions de production fruitière au Sénégal. Les régions de Ziguinchor et Kolda se caractérisent par une production importante de bananes, d’agrumes, de mangues, d’oranges, de mandarines, de papayes et de citrons. La région de Thiès et Dakar occupe la deuxième place dans la production de fruits, avec environ 10 à 15 % de la production nationale. Elle se spécialise principalement dans les agrumes et les mangues.

À l’Est du Sénégal, dans la région de Tambacounda, la production fruitière se limite principalement à la culture du bananier dans certains périmètres fruitiers.

En plus des fruits cultivés, les produits de cueillette, tels que le tamarin, le pain de singe (fruits du baobab), le madd, le jujube, le ditakh, etc., occupent également une place importante dans le commerce et la consommation. Ils sont généralement récoltés dans les forêts de Casamance et de l’est du Sénégal, bien que certaines espèces soient présentes à travers tout le pays.

Cultures pluviales : Mil, maïs, sorgho, fonio

Les principales céréales cultivées sous pluie au Sénégal sont le mil, le sorgho et le maïs, avec des régions de production principalement situées au centre (Bassin arachidier) et au sud du pays (Casamance, Tambacounda).

Le mil à chandelle, également appelé mil pénicillaire, est la principale culture céréalière du Sénégal. Il possède une remarquable tolérance à la sécheresse, aux sols peu fertiles et aux températures élevées. On le cultive principalement dans le centre du pays, couvrant les régions de Kaolack, Louga, Diourbel, Thiès et Tambacounda.

Le sorgho est principalement produit à l’est du bassin arachidier, dans la région de Kolda, notamment dans le département de Vélingara, ainsi que dans la vallée du fleuve Sénégal, répondant aux habitudes alimentaires des ménages ruraux de ces zones.

La culture du maïs, plus exigeante en eau, se développe principalement dans les régions de Tambacounda, Kolda et Kaolack. Le programme « maïs » initié en 2003 par le gouvernement visait à promouvoir la culture du maïs dans toutes les régions du Sénégal, mais les résultats attendus n’ont pas été pleinement atteints. Les importations de maïs restent élevées, principalement pour répondre aux besoins de l’alimentation animale, et en 2018, la production de maïs s’élevait à 45 000 tonnes.

Le fonio, quant à lui, est principalement concentré dans les régions de Tambacounda et Kolda, avec une production encore modeste d’environ 4 000 tonnes par an. Cependant, cette culture présente de sérieuses potentialités en raison de ses nombreuses caractéristiques favorables et des nouvelles initiatives régionales visant à en faire une culture de rente.

En 2018, la production annuelle de mil (et sorgho) tournait autour de 1 000 000 tonnes, avec des rendements moyens relativement faibles d’environ 630 kg/ha au cours des quinze dernières années. Ces rendements modestes s’expliquent par l’épuisement des sols, le faible apport d’engrais (généralement réservé à l’arachide), la diminution de la pluviométrie, ainsi que par des problèmes de maladies, d’insectes et de mauvaises herbes. En dépit de cela, le mil reste une base alimentaire essentielle pour les ménages ruraux du bassin arachidier, bien que le riz commence à gagner du terrain dans leurs habitudes alimentaires. Le mil est consommé principalement sous forme de couscous, de bouillies à base de farine ou de semoule. Il tend également à devenir une culture de rente en raison de la forte demande provenant des zones agricoles déficitaires et de la capitale, Dakar. D’ailleurs, sa consommation connaît une légère reprise grâce à la mise sur le marché de produits plus rapides et faciles à préparer, proposés par des petites entreprises.

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