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Le commerce de la pastèque à Mbour : un secteur florissant confronté au défi de la conservation

À Mbour, la pastèque, connue sous le nom de « xaal » en wolof, est omniprésente. Ce fruit très prisé par les Sénégalais alimente un commerce dynamique pour les grossistes et détaillants, mais pose un défi majeur : sa conservation.En effet, la nature périssable de la pastèque expose les acteurs du secteur à des pertes financières importantes lorsque le marché est saturé.

Cheikh Touré, un opérateur actif depuis 13 ans dans ce domaine, témoigne : « Si le marché est pleinement approvisionné, ça peut nous causer des pertes énormes. Par exemple, si tu achètes une quantité d’une valeur d’un million (de FCFA) au moment où le marché est inondé, tu peux ne pas écouler le produit. » Installé à proximité de la mairie de Mbour et à Saly Velingara, il organise l’achat des fruits directement en zone rurale, principalement à Kaolack, avant leur acheminement vers Mbour par camions.

Le processus de récolte, de transport et de distribution de ce fruit lourd et fragile mobilise une main-d’œuvre considérable. Mame Malick Kane, un autre acteur du secteur, explique : « À chaque voyage, je peux acheter 10 champs, et je prends pour chacun d’eux au moins six personnes pour récolter et embarquer la marchandise dans des camions. » Les frais de chargement et déchargement atteignent parfois 100 000 FCFA par opération.

Malgré les défis, le commerce de la pastèque reste lucratif pour ses acteurs. Cheikh Touré se souvient avoir réalisé un bénéfice de 2,5 millions de FCFA à l’issue de la campagne précédente. Cette année, il s’inquiète néanmoins de pertes importantes, ayant déjà enregistré 850 000 FCFA de pertes liées au pourrissement d’un chargement.

Pape Cheikh Niang, chauffeur de taxi local, profite également de cette activité. Avec des trajets réguliers entre Mbour et les localités voisines comme Nguékhokh ou Sindia, il déclare : « Je peux faire deux à trois voyages par jour et gagner jusqu’à 5 000 FCFA par voyage, selon la quantité transportée. »

Cependant, le manque de chambres froides reste un obstacle majeur. « Il faut que les autorités nous mettent des chambres froides à disposition pour éviter les pertes », plaide Cheikh Touré.

Selon M. Ba, un universitaire observateur du secteur, la solution pourrait passer par la transformation de la pastèque en jus ou autres produits dérivés. « Toute la quantité produite ne peut pas être consommée, et il y a une bonne quantité qui va pourrir. » Il estime que cette diversification pourrait non seulement réduire les pertes mais aussi offrir des opportunités économiques pour les jeunes, contribuant ainsi à limiter l’émigration irrégulière.

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Avec un accompagnement adéquat, le commerce de la pastèque à Mbour pourrait devenir un modèle de développement agricole et industriel durable, créant davantage de richesse et d’emplois tout en minimisant les pertes.

APS
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